Marc, pourriez-vous partager avec nous comment l'analyse technique joue un rôle dans votre approche en tant que CEO de DT Expert, particulièrement dans le conseil sur les produits structurés?
Lorsque l'on décide de faire un investissement boursier (quel qu'il soit), on fait en fait des probabilités : en effet, aucun investissement boursier ne peut garantir 100% de réussite (sinon n'importe qui pourrait devenir milliardaire avec une mise de départ de 10 euros). On essaye donc d'obtenir des informations pour mettre le maximum de probabilités dans notre camp. Pour ce faire plusieurs sources sont à disposition : analyse fondamentale, quant ou encore analyse technique. Cette dernière offre dans certains cas un taux de réussite qui peut atteindre les 90%. C'est donc une arme qui peut être redoutable. Quant aux produits structurés à effet de levier tels que les Turbos, ceux-ci sont étant régis par leur niveau de KO (seuil horizontal prédéterminé), ils se marient très bien avec notre discipline et permettent donc des gains conséquents rapides. Attention : le potentiel de perte est lui aussi naturellement décuplé. D'où la nécessité de faire appel à un spécialiste, ou d'être particulièrement bien formé.
Comment la formation reçue à l'Université Paris Dauphine – PSL en finance de marché influence-t-elle votre pratique actuelle de l'analyse technique au sein de votre entreprise?
La formation du Master 203 de Dauphine est très certainement la plus complète et la plus solide pour les métiers de finance de marché. Cependant, concernant l'analyse technique, j'ai surtout appris sur le tas, à force d'expérience et en confrontant mes analyses à la réalité du marché, qui a toujours raison au final.
Dans quelle mesure, pensez-vous que l'analyse technique peut avoir un impact sur la prise de décisions stratégiques pour les sociétés de gestion et les hedge funds?
Comme indiqué dans la première question ci-dessus, l'analyse technique offre parfois des configurations terriblement efficaces (sortie de figures de continuation, figures de retournement, overlap, chartisme...). Je me suis personnellement spécialisé sur la théorie des Vagues d'Elliott, qui est très certainement la théorie la plus poussée et, selon moi, la plus probante. Ralph Nelson Elliott était un expert comptable américain en place lors de la crise de 29. Il a consacré une partie de sa vie à l'étude des graphiques et en a élaboré une théorie surprenante, mélangeant théorie de Dow, chartisme, indicateurs et ratios de Fibonacci) d'efficacité qui, un siècle plus tard, fonctionne encore très très bien. Aussi, nous travaillons de plus en plus avec les sociétés de gestion et les hedge funds avec notamment une offre de consulting sur mesure, l'analyse technique fonctionnant particulièrement bien sur le long terme.
En tant que professionnel des marchés financiers, comment évaluez-vous l'évolution et l'adoption de l'analyse technique dans le secteur financier au cours de la dernière décennie?
L'analyse technique est, depuis un moment déjà, très utilisée et regardée dans las pays anglo-saxons notamment. Elle monte en puissance en France cette dernière décennie et trouve de plus en plus de fervents, et de moins en moins de détracteurs. J'espère donc que ça va continuer à aller dans ce sens.
Pour quelqu'un qui débute dans l'analyse technique, quelles compétences ou caractéristiques pensez-vous être essentielles pour maîtriser cet outil d'analyse, selon votre expérience personnelle?
Alors là, au risque de vous surprendre, je pense que quelqu'un qui a une tête bien faite et un minimum d'appétence pour les marchés peut devenir, à force de travail, un très bon analyse technique. Plus que la théorie en effet, c'est la pratique qui permet de progresser le mieux, et de devenir bon et aguerris dans ce domaine. En confrontant son expérience à la réalité du marché, on s'améliore quasi continuellement.
Avec votre expérience en consultation sur mesure, pourriez-vous nous donner un exemple concret où l'analyse technique a fait une différence significative dans la stratégie d'une entreprise cliente?
Le principe est le suivant : prenons l'exemple d'un gestionnaire de fonds spécialisé dans un domaine ou secteur. Il peut, selon ses besoins, nous demander les choses suivantes :
- J'ai X valeurs en portefeuille, et je voudrais en sortir Y : pourriez-vous me dire lesquelles semblent les plus appropriées techniquement ?
- Je voudrais entrer X valeurs dans mon portefeuille : pourriez-vous me dire lesquelles vous semblent avoir le plus de potentiel technique parmi les Y valeurs suivantes ?
- Je travaille sur cet univers de valeurs : pourriez-vous me prévenir lorsque vous pensez qu'une ou plusieurs de ces valeurs présentent un bon potentiel de hausse avec un bon timing d'entrée ?
NB : un des gros avantages de l'analyse technique est qu'elle peut être efficace quel que soit le secteur ou, surtout, la classe d'actifs envisagée : indices, actions, matières premières, devises, taux... Il suffit en effet d'avoir un graphique avec suffisamment d'antériorité.
En réfléchissant à l'avenir, quelles tendances voyez-vous émerger dans l'analyse technique et comment prévoyez-vous de vous y adapter pour maintenir l'innovation chez DT Expert?
Alors LA grande question de l'avenir dans bon nombre de métiers est la suivante : comment mon métier peut être bousculer par l'essor exponentiel technologique, et en particulier par celui de l'IA ? J'avoue ne pas avoir de réponse très précise, mais voici ce que je peux dire :
1) L'IA est, selon moi, un bon serviteur, mais un mauvais maître : l'utiliser comme outil de développement, oui ; lui confier 100% du travail, non.
2) Je ne vois pas une IA dompter les marchés, sans quoi la Bourse n'existerait plus, puisqu'on aurait trouver la panacée.
Pour plus d'informations : https://dtexpert.com/